IVG dans la Constitution : les catholiques font part de leur "tristesse", le CPDH évoque "un recul éthique"
L'inscription de l'IVG dans la Constitution a été adoptée par le Sénat mercredi soir et le Congrès des deux chambres du Parlement se réunira dès lundi 4 mars pour adopter cette réforme de manière définitive. Suite à ce vote, la Conférence des évêques de France (CEF) a fait part jeudi de sa "tristesse". Le Comité protestant évangélique pour la dignité humaine dénonce, de son côté, un "recul éthique". Le CNEF et la Fédération protestante de France ne se sont, pour l'instant, pas exprimés sur le sujet.
Malgré les réticences de certains sénateurs de la droite et du centre, majoritaires à la chambre haute, l'hémicycle s'est prononcé mercredi soir en faveur d'une "liberté garantie" à l'interruption volontaire de grossesse, sans modifier le texte du gouvernement.
Le long chemin vers la constitutionnalisation, plébiscitée par l'opinion publique, va donc pouvoir aboutir au Congrès, convoqué par Emmanuel Macron dès lundi. Une majorité des trois cinquièmes sera nécessaire dans la prestigieuse salle du Congrès du château de Versailles pour une adoption définitive, mais elle ne fait aucun doute au vu des votes successifs des deux Assemblées.
"Tristesse" chez les évêques de France
La Conférence des évêques de France (CEF) a fait part jeudi de sa "tristesse" après le vote des sénateurs. "L'avortement, qui demeure une atteinte à la vie en son commencement, ne peut être vu sous le seul angle du droit des femmes", affirme l'instance de l'Église catholique dans un communiqué.
Les évêques de France disent rester attentifs au respect de la "liberté de conscience des médecins et de tous les personnels soignants" qui seraient réticents à pratiquer une IVG. Un amendement LR visant à sanctuariser la clause de conscience des médecins n'a pas été retenu au Sénat.
La CEF regrette aussi que le débat "n’ait pas évoqué les dispositifs d’aide à celles et ceux qui voudraient garder leur enfant". Plusieurs évêques ont également vivement réagi. "Une société qui constitutionnalise la culture de mort, qu’elle en ait conscience ou non, se fragilise elle-même en profondeur", a affirmé dans un communiqué l'évêque de Nanterre Matthieu Rougé en dénonçant les "pressions du politiquement ou médiatiquement correct".
Dans La Croix, l'archevêque de Poitiers Pascal Wintzer a estimé que "tout semble aller dans le même sens: No Future!" en déplorant que "la mort semble plus protégée que la vie n’est encouragée".
Pascale Morinière, la présidente de Confédération nationale des associations familiales catholiques, a elle estimé sur Radio Notre-Dame que "le droit à l'IVG bénéficie déjà d'une protection très solide en France" et que "nous avons importé un débat sociétal qui n'est pas le nôtre".
"Une liberté constitutionnelle en trompe-l’œil" selon le CPDH
Dans un communiqué publié ce vendredi 1er mars intitulé "IVG : une liberté constitutionnelle en trompe-l’œil", le Comité protestant évangélique pour la dignité humaine dénonce (CPDH), de son côté, un "recul éthique".
L'organisation évangélique estime que "face au désarroi que peut connaître une femme dans un moment délicat de sa vie, sans lui fournir d’autre alternative que de mettre fin à la vie qu’elle porte en elle", "la liberté qu’on lui offre est aussi le soutien dont on la prive".
"Par ailleurs, en voulant donner à l’IVG un ancrage au sommet de la hiérarchie des normes juridiques le Gouvernement crée également un précédent à partir duquel ils pourraient être nombreux à l’avenir tous ceux qui voudront inscrire 'leur liberté' tout en haut du droit français", poursuit le CPDH dans le document.
La Fédération protestante de France ne s'est, pour l'heure, pas exprimée. Toutefois, fin janvier, son président Christian Krieger avait déclaré qu'il jugeait "inopportun" d'inscrire dans la Constitution l’interruption volontaire de grossesse (IVG), tout en précisant que les protestants n'expriment "aucune réserve" sur ce droit. Du côté du Conseil national des évangéliques de France (CNEF), un communiqué est attendu dans la soirée.
En France, où l'IVG est légale depuis la loi Veil de 1975, le nombre d'avortements reste relativement stable depuis une vingtaine d'années autour de 230.000 par an, avec un pic observé en 2022 avec 234.300 IVG pratiquées.
Camille Westphal Perrier (avec AFP)
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